Projets


En ce moment, le montage d'un court-métrage, l'utilisation du jardin partagé, un travail d'atelier sur une pièce écrite pour l'occasion, un lien au monde de l'entreprise...

Cinéma :



TOUTE PEINE MÉRITE SALAIRE
Court métrage (26') de Juliette Bouchery

Par une porte, on voit des femmes travailler. (Les titres s'enchaînent en blanc sur le noir de la porte.)
Elles sont debout autour d'une machine, elles dévident un gros rouleau de tissu, l'enfournent, plient des vêtements assemblés. Le bruit ambiant est violent, grinçant, bizarrement syncopé – et tout à fait démesuré par rapport à leur activité, somme toute assez paisible.
Un haut-parleur appelle régulièrement des noms. Chaque fois, les femmes s'immobilisent... et reprennent leur travail quand elles voient que cette fois encore, ce n'est pas pour elles. 
Les femmes parlent. L'une d'elles s'inquiète, elle va sans doute devoir partir, on flaire le plan social. Une autre vient tout juste d'arriver, les autres l'accueillent un peu fraîchement. La plus ancienne chante un blues, presque sans s'en apercevoir – tout naturellement, les autres harmonisent. 
Dans le dialogue, il est question de l'arrivée de « ceux qui doivent arbitrer ».
Autre lieu, un homme, une femme, une longue table. Le bruit dément de l'atelier n'arrive pas jusqu'ici, on ne perçoit qu'un souffle, doux, continu. 
Ceux-ci parlent, aussi. Ils parlent de trouver des solutions dans l'intérêt de tous, de préserver les intérêts de chacun. De négocier. Ce sont eux qui déclenchent le haut-parleur qui convoque les femmes.
Or, lorsque la nouvelle venue de l'atelier est convoquée pour son « entretien d'accueil », on découvre que la structure est en fait une prison pour dettes. Dans une litanie bien rodée, un contrechant hallucinant, les Administrateurs expliquent la situation « ...logée, nourrie, blanchie, et le fruit de votre travail va là où il doit aller, c'est-à-dire à solder vos dettes. Le système est jeune, il n’est sans doute pas parfait. Le travail est simple, non qualifié ; il serait difficile de tirer parti des compétences de chacun, et cela serait même contre-productif puisque cela reviendrait à faire intervenir une dimension d’agrément qui n’a rien à faire dans ce cadre. On sait en entrant quelle sera la durée du séjour puisqu’il est calculé en fonction du montant à restituer. Voilà. Le salaire est inférieur au salaire minimum puisque vous êtes ici dans un cadre pénal. Votre hébergement et votre nourriture sont déduits de ce salaire. Le reste est versé directement à vos créanciers... »
Et la première femme attend toujours sa convocation...
On finit par comprendre qu'elle a terminé sa peine, mais... sortir ? Elle se pose sérieusement la question. Ici, les journées défilent sans difficultés majeures, on a son travail, ses copines... Jamais un repas à préparer, jamais une décision à prendre. Qu'est-ce qui l'attend, dehors, au fond ? Il faudra se battre pour tout, risquer de se retrouver sans rien.
C'est de liberté qu'il est question. La grande, l'éternelle question : prendre sa vie en main ou la subir ? Ces femmes vont jusqu'à dire « ici au moins, on a la sécurité ». Et de nouveau, après une explosion de folie qui les lance à danser (le son de l'atelier se module en musique frénétique), l'une d'elles plaisante : « c'est vrai qu'on a la sécurité ici : un coup comme ça, dans n'importe quelle boîte, ils te virent ! »
Elles sont franches, rigolotes, touchantes... normales. Elles sont tombées dans un piège d'aujourd'hui. L'atelier, la machine ne sont pas du tout réalistes ; une des travailleuses ne dit jamais un mot, mais quand les autres se disputent, elle chante un magnifique air lyrique pour les apaiser. Reste que leur difficulté est bien réelle. 
Dans la dernière séquence, Soline finira par décider d'ouvrir ses ailes.

°  °  °  

Michèle : Je dois tant que je ne pourrai jamais rembourser. J’ai fait le calcul un jour : au taux où ils chiffrent notre travail, pour reprendre ma liberté, faudrait que je vive jusqu’à 137 ans sans jamais m'arrêter de travailler.  
Emmeline : Et au salaire que tu avais dehors ?
Michèle : 93 ans seulement. En même temps, je me dis que comme je crèverai forcément avant de tout payer, ils l'auront dans l'os.





Le jardin Partagé :


le jardin partagé du moustoir,
lieu potager d'exposition interactive


Nous avons un jardin.
Une bande de terrain dans un lieu passant, le long du terrain d'entraînement du stade de Lorient – les jeunes passent par là pour aller faire du skate, les personnes âgées s'arrêtent pour débattre du nom de plantes. Des passants s'installent pour lire le journal à la table de pique-nique que nous a installé la commune.
Un jardin foisonnant, beaucoup de fleurs, des légumes, des arbres en bordure le long du trottoir.
Ce jardin a déjà toute une histoire. Créé en 2008 par le Grand Théâtre de Lorient, il faisait partie d'un projet de « Théâtre hors les murs ». Les habitants du quartier (ou de la ville), venaient faire des cultures et de la culture. Jardiner, et on mêlait à l'activité un volet culturel. Divers intervenants se sont succédés, nous avons fabriqué un livre, les décors d'un spectacle, dansé les yeux bandés. En lien avec le CADA, nous avons jardiné avec des demandeurs d'asile. Puis la directrice du Grand Théâtre a pris sa retraite, et le nouveau directeur n'a pas eu envie de reconduire le projet.
L'Association Mirabile Tortu a pris la relève – avec beaucoup moins de moyens. Nous achevons une première saison plutôt modeste. Au bilan, la fabrication de marionnettes originales et inventives, une présentation en juin... et un nouveau projet. Pourquoi ne pas proposer une activité régulière, même à ceux qui ne jardinent pas avec nous ? 
Lorient n'est pas très animée, le dimanche. Pourquoi ne pas créer quelque chose, sur ce parcours bien connu comme lieu de promenade ?
Notre proposition est la suivante : 
se retrouver un dimanche par mois avec les lorientais, en famille ;
un thème ou moyen d'expression différent chaque fois (art plastique ou graphique, botanique, danse, lecture de textes, marionnette, …) ;
un principe d'interactivité : on propose aux participants à la fois "quelque chose de fait" (expo, performance, petite conférence) et "quelque chose à faire" (fabriquer leur marotte, le décor de la lecture, des fleurs pour le jardin, une sculpture commune à base de fil de fer, …)
les expos se surajoutent les unes aux autres et restent en place jusqu'au printemps. Au moment de préparer le jardin pour les plantations de la nouvelle saison, on démonte tout en grande pompe – mais le jardin aura vécu tout l'hiver. 

Catastrophe ! :

C'est le mot qui scande nos journées, le monde bascule, Catastrophe ! 


La terre grince sous le poids de nos sept milliards de concitoyens, elle tangue, on entend partout pas d'argent pas de travail pas d'eau pas de solution no future... Catastrophe ! 
Face à l'angoisse, une seule solution : la mettre en scène, et rire aussi, parce que nous sommes absurdes, aussi, nous les humains qui patiemment, obstinément, opiniâtrement, scions la branche sur laquelle nous sommes assis,
faisons les choix qui empireront notre sort. 
Qui préférons l'égoïsme individuel qui tire la couverture à soi, laisse choir les autres et nous précipite à leur suite dans le gouffre, 
à l'égoïsme collectif qui permettrait de s'en sortir tous. 

La mer monte, un groupe travaille à construire un mur. 
Ils ne savent pas faire simple. 
Dans ce travail sans fin se reflète, presque sans un mot, leurs rapports de toujours.

La mer est montée, ils vivent sur les toits des immeubles. Éventuellement la crête des falaises.
On s'habitue à tout, une situation extrême finit par devenir un quotidien.
On trouve des solutions, toujours, à tout et même au besoin de beauté de l'Homme.
Mais on s'entraîne encore à la guerre, au cas où.
Et la guerre la plus intime reste celle des hommes et des femmes.
À quoi ressemble une scène de ménage après l'apocalypse ?

Et si on parvenait à se refaire une société qui fonctionne sur la base d'une engueulade permanente ou chacun pourrait, enfin, placer son mot ?


C'est le projet de l'atelier amateur 2012-2013 de Mirabile Tortu. 
Ça se verra, entre autres, à la Grande Poudrière de Port-Louis en début d'été. 




EntrepreneurE :




Il y a des façons très différentes de gérer une entreprise. Dans un contexte où beaucoup de modèles ne semblent plus fonctionner comme ils le devraient, il est intéressant de se pencher sur idées reçues.
Pour sa thèse de doctorat, Typhaine Lebègue a travaillé sur les femmes chefs d'entreprise ; elle a dégagé les grandes lignes qui caractérisent l'entrepreneuriat au féminin.
C'est toute une approche de la société et du vivre-ensemble qui se dégage.
Travailler ? Oui, travailler dur même – mais pourquoi ne pas être heureux dans son travail ?
Réussir ? Bien sûr, mais que veut dire ce mot de réussite ? Dépend-elle forcément des schémas de croissance, chiffre d'affaire, part de marché ? Ne peut-on pas y introduire des paramètres comme l'équilibre entre la vie professionnelle et familiale, le fait que chacun puisse trouver sa place et s'exprimer, une attention portée aux clients, aux fournisseurs, aux collègues ?
Un collaborateur qui a la bride sur le cou, qui peut proposer, participer, prendre des initiatives, n'est-il pas en fin de compte plus rentable ?
Une approche de la société ? Plutôt une approche de la vie !

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Ce projet comporte deux aspects : un spectacle proprement dit, dans lequel les lignes directrices de la question sont posées avec humour et énergie – et un atelier, travail interactif grâce auquel les participants peuvent dégager, par eux-mêmes, en quoi ces approches les concernent, comment elles s'appliquent dans leur vie professionnelle. Nous ne connaissons pas leur situation, mais nous leur poserons les bonnes questions, nous les feront jouer aux jeux qui leur fourniront leurs propres réponses.
Typhaine Lebègue, chercheuse sur le sujet, participera à toutes les phases de l'élaboration du projet.

Un événement facile à plier et à déballer dans un congrès, une fédération, un syndicat, une entreprise... ou même une salle de spectacle.